Libellule à Camden Town

Il ne fait aucun doute que cet incroyable quartier du nord de londres est incontournable et doit faire partie des priorités de l'emploi du temps du touriste. Ce qui est caractéristique reste surtout le métissage des cultures et des modes: on trouve de tout, des gothiques aux semelles démesurément hautes et aux extravagences les plus folles, des punks aux crètes laquées et colorées, en cuir et doc martins, un messager de dieu qui tous les week-ends vient clamer haut et fort que "Jesus is alive", des individus outrageusement tatoués et percés, des peace and love, des hindous etc...

Ce melting-pot se retrouve sur les stands de nourriture où tous, chinois, thaïlandais, caribéens, marocains, européens, africains, cubains...nous invitent à goûter de leurs préparations en nous tendant parfois déséspérément une bouchée de leurs tajines, gambas, porc caramélisé et autres mets et espérant que parmi ce choix gigantesque on finira par céder à leur gourmande proposition. Ce mélange d'odeurs, d'épices, de couleurs font de ce lieu unique une invitation à voyager dans l'espace mais aussi le temps.

C'est dans une autre dimension plutôt futuriste avec l'incroyable magasin Cyberdog que l'on est propulsé. Sur fond de musique house-techno-électro on découvre en entrant des vendeurs et vendeuses qui d'emblée posent le décor: vous venez de pénétrer un monde d'une excentricité vestimentaire hors-pair. Dans ce shop, place aux vêtements synthétiques, fluorescents, phosphorescents, contenant pour certains des inscriptions lumineuses défilant grâce à des micro puces éléctroniques cachées dans le fashion textile, des vêtements dans l'esprit 4 ème millénaire qu'aurait pu créer le styliste du Cinquième élément. Sur les murs à droite en entrant, vous avez des figures ressemblant à des humains robotisés dans des coques en métal avec des fils, art pouvant rappeler les films science-fiction futuristes où l'humain pour vivre doit être branché. Quant aux cabines d'essayages, elles ressemblent davantage à des engins volants  inter-galactiques qu'à des cache-silhouette. C'est ailleurs, dans un autre temps, une autre dimension que l'on devient pour quelques instants le témoin de ce que sera peut-être la vie et le style des arrières-petits-enfants de nos arrières petits-enfants. Qui sait?   

Plus loin toujours dans ce génialissime Camden market  on peut acheter gothique, fifties-sixties-seventies, neuf ou d'occasion, des cuirs de couleurs difficilement dénichables ailleurs. Il y a même un magasin de produits et vêtements exclusivement issus de la culture du cannabis. C'est rassurant de réaliser alors que les champs de cette substance attaque-neurones ne partiront pas tous en fumée. Niveau fringues tout est là à condition de ne pas chercher le look classique ou passe-partout.

On peut aussi  se faire lire les cartes par une charmante dame s'essayant au multilinguisme, qui de la même façon que les autres exposants, attend là sur sa chaise qu'une âme en détresse vienne la solliciter. Sa proie se verra alors déballer son "future" sans être cachée de tous les touristes; pas même  un petit rideau ne sépare le monde de la voyance de celui de la consommation ce qui d'une certaine manière montre bien qu'entre les 2 il n'y a qu'un petit pas.

Je parlais plus haut de l'attaque neurones qu'est le cannabis mais il faut s'avoir aussi que des stands de bangs en tous genres de toutes tailles, matières et couleurs, jonchent les rues de camden ainsi que quelques étalages de "magic mushrooms" (champignons hallucinogènes) en vente légale.

Que dire de plus si ce n 'est que Camden town est un lieu étonnant qui à défaut d'être compris mérite en tous cas d'être vu et apprécié.